La relation entre le stress et le mammouth
Lorsque nous pensons à quelque chose de stressant, un mammouth n’est probablement pas la première chose qui nous vient à l’esprit. Mais si nous considérons notre système de réponse au stress du point de vue de l’évolution et du rôle qu’il a joué pour assurer la survie de notre espèce, notre choix de logo devient plus clair. Comment vous prendriez-vous pour chasser un mammouth? Cela vous demanderait sûrement de la force, de l’énergie, de l’endurance, de l’agilité, de la concentration, du courage et une bonne planification!
Vous serez peut-être surpris d’apprendre que toutes ces exigences sont comblées par notre système de réponse au stress. Ce système est aussi connu sous le nom de système de combat ou fuite. Ce nom vient du fait que lorsque nous faisons face à une menace (un stress), nous devons combattre (tuer le mammouth) ou fuir (prendre ses jambes à son cou parce que le mammouth est trop agressif). Mais qu’est-ce qui se passe dans notre corps lors d’une réponse au stress?
Nos sens s’aiguisent. Nos pupilles se dilatent pour que nous puissions mieux voir, même dans le noir. Nos poils se redressent pour nous rendre plus sensible au toucher, mais aussi pour nous faire paraître plus gros et menaçant (n’oubliez pas que nous étions plus poilus dans le temps des hommes des cavernes)!
Le système cardiovasculaire se met à pomper. Nos battements cardiaques augmentent pour envoyer plus de sang vers nos muscles. Nos artères se contractent pour augmenter notre pression sanguine. Et nos veines se dilatent pour faciliter le retour du sang vers les poumons et le ré-oxygéner.
Le système respiratoire aussi se met de la partie. Les poumons, la gorge et les narines s’ouvrent pour laisser entrer plus d’air dans l’organisme. Le sang transporte l’oxygène aux muscles, leur permettant de travailler plus fort et plus longtemps. Nous respirons plus profondément, ce qui nous permet de crier plus fort et de faire peur à nos adversaires, comme un lion!
Le gras entreposé dans les cellules graisseuses et le glucose produit par le foie sont envoyés dans la circulation sanguine ou métabolisés pour créer une source d’énergie instantanée. Les vaisseaux sanguins des reins et du système digestif se resserrent pour interrompre les systèmes de l’organisme qui ne sont pas essentiels. Ce n’est pas le moment de gaspiller de l’énergie!
Les vaisseaux sanguins de la peau se resserrent pour réduire les pertes de sang potentielles advenant une blessure. Les glandes sudoripares s’activent pour faciliter la sudation et ainsi rafraîchir l’organisme. C’est ce qui fait que notre peau devient blême et moite. Des endorphines, un anesthésique naturel, sont sécrétées pour que nous ne soyons pas troublés par la douleur. Notre système de pensée ou de jugement est aussi réduit au silence pour laisser la place à notre système primitif. C’est le temps d’être actif, non pas d’être pensif!
Perdu dans le passé
Ces événements biologiques datent du temps où nous chassions le mammouth mais sont toujours en fonction aujourd’hui. L’organisme ne fait pas la différence entre le stress généré par la vue d’un mammouth et celui généré par trop de boulot. Dans les deux cas, il réagit de la même façon. En somme, l’organisme ne sait pas que nous sommes en 2018. C’est ce qui explique le choix du mammouth comme logo du Centre d’études sur le Stress Humain, pour ne pas oublier cet élément important.
Pensez-vous que la chasse au mammouth était stressante? Absolument! En fait, cela représente un stresseur absolu. Cela veut dire qu’absolument toute personne faisant face à cet agent stressant activera son système de réponse au stress. D’autres exemples de stress absolu sont les tremblements de terre, les tsunami, les événements du 11 septembre 2001. Ce sont des événements objectivement stressants ou universellement stressants.