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The Centre for Studies on Human Stress (CSHS) is dedicated to improving the physical and mental health of Canadians by empowering individuals with scientifically grounded information on the effects of stress on the brain and body.
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Au début des années 2000, les Instituts de recherche de santé du Canada qui financent nos projets de recherche ont mis sur pied les ‘cafés scientifiques’ dans lesquels des chercheurs rencontrent les gens du public pour présenter leurs travaux de recherche et répondre aux questions.  Très rapidement, ces cafés scientifiques sont devenus très populaires à travers le Canada.

 

On m’avait donc invitée à participer à un café scientifique qui avait lieu dans un bar de Montréal et qui portait sur le stress et la santé mentale.  J’avais résumé nos travaux de recherche au public et je commençai à répondre aux questions.   Dans la salle, il y avait une dame qui démontrait son besoin de poser une question avec de grands gestes produits avec le bras gauche, puis avec le bras droit, retour vers le bras gauche, puis ensuite le bras droit.  Quand elle a enfin obtenu la parole, elle m’a posé la question suivante : ‘Madame Lupien, j’ai essayé tous les trucs que vous nous avez donnés pour négocier le stress.  Respirer par la bédaine, chanter, faire du sport, prendre une marche, déconstruire mon stress, le reconstruire, réguler correctement mes émotions, etc, etc, etc. et rien, mais vraiment rien ne fonctionne !  Sans farces Madame Lupien, j’ai tout tout tout essayé et ce, plus d’une fois !  Je vous le répète, rien ne fonctionne ! Avez-vous une dernière suggestion à me donner car je n’en peux plus d’être si stressée ?’.

 

Le silence se fit dans le petit bar montréalais et tous les regards se tournèrent vers moi.  Je pris le temps de penser à tout cela et après un petit moment, je lui ai répondu : ‘Si plus rien ne fonctionne pour vous madame en termes de gestion de votre stress, alors je vous suggère fortement d’aller faire du bénévolat’.   La dame fut instantanément insultée.  Son corps se figea, elle me lança un regard noir de colère en s’exclamant ‘Vraiment !  Vous riez de moi !’ et elle quitta bruyamment la salle sans demander son dû.

 

Je crois que si la dame a quitté la salle en étant insultée par ma réponse, c’est qu’elle a peut-être pensé qu’avec ma réponse, je lui disais tacitement que si elle prenait le temps de faire du bénévolat, elle se rendrait compte qu’il existe des gens en plus grandes difficultés qu’elle, et elle cesserait alors de se plaindre de son stress.  Mais ce n’était pas la base de mes propos.

 

Quelques secondes après la bruyante sortie de la dame, je me tournai vers les gens dans la salle, qui étaient un peu médusés, et je leur dis : ‘Je n’avais aucunement l’intention d’insulter la dame.  Il est vrai que l’altruisme diminue la production d’hormones de stress !’  Et j’entrepris de l’expliquer plus en détails à la salle.

 

Par un beau matin de printemps des années 1980, Dr. David McClelland, alors chercheur à l’Université de Harvard, aida une vieille dame à traverser l’une des rues de l’énorme campus universitaire.  Rendu de l’autre côté de la rue, il se sentit bien.  Ce sentiment de bien-être n’était pas lié au fait d’avoir fait une bonne action et de se dire ‘Bravo David ! Tu as aidé quelqu’un !’.  Non, le sentiment ressenti par Dr. McClelland était autre.  Il se sentait physiquement bien après avoir aidé la vieille dame à traverser la rue.

 

Ce chercheur était spécialisé sur l’étude de l’immunoglobine A secrétoire, qui est une hormone du corps ayant un effet protecteur sur notre système immunitaire.  L’immunogloguline A sécrétoire est en fait la première ligne de défense immunitaire contre les toxines et les agents infectieux qui se retrouvent dans l’environnement.  Vous conviendrez avec moi que c’est une bonne idée en ces temps de COVID-19 de faire le plein d’immunoglobuline A sécrétoire !

 

Pour vérifier l’origine du bien-être physique qu’il avait ressenti à la suite de son geste altruiste, Dr. McClelland a entrepris une étude dans le but de vérifier si les bonnes actions pouvaient augmenter la capacité de notre système immunitaire de se défendre contre l’environnement. Il a recruté des étudiants d’Harvard et les a séparé en deux groupes.  À un premier groupe, il a présenté le film ‘Le pouvoir de l’axe’, film exposant les agissements d’Adolf Hitler au cours de la deuxième guerre mondiale.  Au deuxième groupe, il présenta un film relatant les bonnes actions de Mère Teresa en Inde.  Il a mesuré les taux d’immunoglobine A sécrétoire chez les deux groupes avant et après l’exposition au film.  Les résultats ont montré que les gens ayant vu le film de Mère Teresa ont produit significativement plus d’immunoglobine A sécrétoire que les gens ayant vu le film sur Hitler.  Dr. McClelland a appelé cet effet : ‘L’effet Mère Teresa’.  Avec cette étude, Dr. McClelland a démontré que la seule perception de bonté mène à une meilleure activité du système immunitaire chez l’humain.

 

Les chercheurs ont suggéré que le ‘high du bénévole’ (‘Helper’s High’ en anglais) induit par les comportements altruistes s’explique par le fait qu’il cause une sensation de bien-être et une meilleure estime de soi, deux sentiments qui ont des effets positifs sur la réponse de stress.

 

Ce qui est intéressant de noter dans l’effet Mère Teresa est que, bien que l’altruisme semble diminuer la réponse de stress, l’inverse est aussi vrai.  Des études ont montré que lorsqu’on expose des gens à un stresseur, ce dernier augmente la fréquence des comportements prosociaux.  Le comportement prosocial réfère à toute action qui vise à aider une autre personne que l’on connaît ou que l’on ne connaît pas.

 

 

Ma fille a depuis longtemps choisi l’altruisme comme moyen de contrôler son stress et elle fait du bénévolat depuis l’âge de 10 ans.  Maintenant une jeune adulte, elle me disait récemment qu’à l’organisme où elle offre son aide, il y a un urgent besoin de bénévoles pour préparer les sacs de nourriture destinés aux utilisateurs de la banque alimentaire.  Le manque est d’autant plus criant que la majorité des bénévoles était auparavant composée de personnes âgées maintenant en confinement pour leur propre protection.

 

Lors de ses points de presse, le premier ministre Mr. François Legault nous a rappelé que l’on peut sortir de la maison pour aller aider les organismes communautaires qui ont besoin d’aide et qui font partie des services essentiels.  Le gouvernement est à mettre en place un portail qui décrira les différents organismes dans les régions du Québec qui ont besoin de ressources. Toutefois, si le fait de vous déplacer vous inquiète, vous pouvez toujours poser des gestes altruistes à distance. Certains professionnels, dont les avocats par exemple, ont mis sur pied des lignes d’assistance pour informer toute personne qui nécessiterait du support. J’ai une copine physiothérapeute qui offre maintenant des vidéos en ligne pour éviter les maux de dos associés à tout ce confinement.  En mettant à profit vos connaissances ou votre expertise, vous pourriez profiter de l’effet Mère Teresa pour diminuer votre stress et contribuer par le fait même à faire du bien autour de vous.

 

J’aurais bien voulu avoir le temps d’expliquer tout cela à la dame du Café Scientifique…

 

J’espère qu’elle va mieux aujourd’hui.

Un texte de Sonia Lupien PhD., Directrice du Centre d’Études sur le Stress Humain