La mémoire des enfants maltraités… source fiable?
Les jeunes qui vivent de la maltraitance sont parfois appelés à témoigner dans différents contextes, notamment en cour. Toutefois, une question demeure: peut-on se fier à ces témoignages? Le but de cette étude était d’évaluer les niveaux d’hormones de stress et les habiletés de mémoire chez des jeunes ayant été victimes de maltraitance ou non. Pour ce faire, les auteurs ont recruté 317 enfants (143 ayant vécu de la maltraitance et 174 n’ayant pas vécu de maltraitance) âgés entre 6 et 13 ans (moyenne d’âge = 9.17) qui participaient à un camp d’été d’une durée d’une semaine. Chaque jour, un échantillon de salive était pris à 9h00 afin de quantifier les niveaux de cortisol, une importante hormone de stress. De plus, une série de tests a été administrée aux enfants afin d’évaluer différents aspects de leur capacité d’apprentissage et de mémoire. Les résultats de l’étude ont démontré que les capacités de rappel d’informations à court et à long terme ne différaient pas entre les enfants ayant vécu de la maltraitance et le groupe témoin. Par contre, les enfants qui avaient vécu de la négligence et/ou de la maltraitance émotionnelle et qui présentaient de faibles niveaux de cortisol avaient un plus haut taux de fausses reconnaissances sur une tâche de mémoire (communément appelées fausses mémoires, c’est-à-dire avoir un souvenir qui ne s’est jamais produit). Ce résultat démontre l’importance de prendre en considération le profil endocrinien afin de mieux comprendre le lien entre l’adversité précoce et les fausses mémoires. En effet, ces résultats ont d’importantes implications par rapport aux différents milieux où les enfants doivent témoigner, notamment la cour.
Titre: The effects of maltreatment and neuroendocrine regulation on memory performance
Auteurs: Dante Cicchetti, Fred A. Rogosch, Mark L. Howe & Sheree L. Toth
Journal: Child Development (2010) vol. 8 (15) pp. 1504-1519