Toxines environnementales, l’hypothèse de la perturbation endocrinienne chez les personnes âgées
Dans la série éponyme, Dr House ordonne à son équipe de tester leurs patients pour dépister un empoisonnement aux métaux lourds, aux organophosphates ou aux toxines biologiques, et de réaliser un scan de la maison du patient pour ces composés.
Cette fiction a-t-elle un peu de réalité scientifique? Sommes-nous à risque d’exposition aux toxines environnementales dans notre vie de tous les jours. Pourquoi les personnes âgées seraient-elles plus particulièrement à risque?
L’exposition aux toxines environnementales est une question qui nous suit toute notre vie et qui nous affecte plus particulièrement quand nous vieillissons.
Le corps des personnes âgées contient une vie entière d’exposition aux toxines de l’environnement. Certaines d’entre elles peuvent rester emmagasinées dans notre corps pendant des décennies. Les personnes âgées sont plus vulnérables à ces toxines, car leur cerveau a une moins grande capacité à s’ajuster à des déficiences même légères. De plus, elles ont été exposées depuis plus longtemps que des adultes plus jeunes. Par exemple, les personnes âgées ont été exposées à beaucoup plus de plomb, étant donné que l’essence contenait encore du plomb (ce qui n’est plus le cas depuis 10-30 ans). C’est ce que l’on appelle un effet de cohorte. Dans la troisième enquête nationale sur la santé et la nutrition, des mesures de plomb sanguin ont été prises chez 13 642 américains de tous âges. Le résultat le plus surprenant a été de découvrir que les personnes au-delà de 50 ans étaient celles qui avaient la plus forte concentration de ce métal dans leur corps. Quant aux polluants organiques, bien que la production de biphényls polychlorés (BPCs) ait été interrompue en 1977, un grand nombre de condensateurs et transformateurs électriques en contiennent encore, et des fuites dans ces installations ainsi que la mauvaise gestion des déchets en résultant ont conduit à une dispersion à grande échelle de cette toxine environnementale. Les BPCs persistent dans l’environnement et se fixent dans les tissus gras des animaux et des hommes. C’est ainsi que la plupart des résidents de nos pays ont des niveaux détectables de BPCs dans leur sang, en particulier les personnes les plus âgées.
Le lien entre l’exposition aux toxines environnementales et les troubles mentaux, tels que les déficits cognitifs, est-il possible?
L’histoire est bien souvent source d’enseignement. En Taiwan, environ 2 000 personnes ont été accidentellement exposées aux BPCs par l’ingestion d’huile de cuisson contaminée en 1979. Vingt-cinq ans plus tard, une étude a montré que les femmes âgées qui avaient été exposées souffraient de troubles d’attention et de mémoire. De nombreuses autres études ont documenté cet effet chez les personnes exposées par leur travail, comme les vignerons exposés aux pesticides ou les travailleurs de fonderie et les soudeurs qui sont exposés au manganèse. Même dans la population générale, des associations ont été démontrées entre l’exposition aux toxines et des mesures d’attention dans de nombreuses études ciblant les personnes âgées.
Comment les toxines environnementales peuvent-elles affecter notre cerveau?
Le secret des toxines environnementales réside dans le fait qu’elles sont capables d’imiter les messagers de notre corps : les hormones. C’est pour cette raison que de nombreuses personnes les appellent des perturbateurs endocriniens. Par exemple, l’estrogène est la principale hormone sexuelle des femmes et beaucoup d’estrogènes et d’anti-estrogènes environnementales ont été identifiées parmi les pesticides (DDT, Dialdrin, Organophosphates), herbicides (Atrazine), métaux lourds (plomb, cadmium), produits chimiques industriels, (BPCs, dioxines, furanes) et plastifiants (Bisphenol A, surfactant). Plus récemment, des études ont montré que les métaux lourds pouvaient perturber le système mettant en jeu les hormones de stress. Le rôle de ces hormones dans les performances cognitives n’étant plus à démontrer, le système du stress pourrait bien être la clé qui explique comment les toxines environnementales peuvent avoir un impact sur notre cerveau.
Y a-t-il de bonnes nouvelles dans tout cela?
La bonne nouvelle de cette petite histoire est que l’exposition aux toxines environnementales est un facteur évitable. Devant les preuves scientifiques, les gouvernements travaillent à bannir de notre quotidien les toxines les plus dangereuses pour notre santé. Par exemple, nous avons maintenant de l’essence sans plomb! Le Bisphenol A, qui a été banni en octobre 2008 au Canada est aussi un bon exemple de ce travail. Parce que les toxines environnementales se trouvent le plus souvent dans des produits de consommation, chacun peut jouer un rôle dans la prévention de l’exposition.
Voici quelques exemples que vous pouvez adopter au quotidien pour minimiser votre exposition à des toxines environnementales :
- Choisissez des aliments sains ayant peu ou pas de pesticides
- Optez pour des produits de rénovation qui ne sont pas dangereux pour l’environnement
- Utilisez des piles sans mercure